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JOURNAL DU 7e CIEL – 8-9-10-11-12 mai 2020 (J38-39-40-41-42)

Certains jours le parc n’offre aucune nouveauté.
Le ciel, lui, ne cesse de me surprendre
à chaque détour du regard posé sur son immensité.
Je m’amuse alors avec les fonctionnalités de l’appareil photos de mon téléphone
pour t’en faire profiter.

 

Je suis bien consciente de planer entre ciel et terre. J’observe aussi bien les mouvements perçus dans le parc que les fantaisies étonnantes des nuages, du soleil couchant ou même de la lune accrochée au faîte des arbres.

 

 

 

Suis-je plus heureuse de pétiller comme un flocon de neige dans un printemps frisquet ou de secouer ma tignasse comme une vieille couverture étalée sur le gazon? Chose certaine, j’apprécie être aux premières loges du spectacle de Mère Nature. Elle joue avec mes nerfs, m’émerveille, m’ouvre des pistes de réflexion durant mes marches « balconnières ».

Dimanche, j’ai vécu un bonheur incommensurable. Ma fille, adossée au parc, m’invite à me rendre sur mon balcon. De la voir à une distanciation non équivoque et pourtant si près de moi me transporte de joie. Je n’hésite pas à arpenter mon balcon dans un aller-retour déterminé pour combler sa curiosité d’en connaître la longueur. Elle comprend mieux à quoi ressemble mon confinement au 7e Ciel.

La photo prise par ma fille montre la hauteur qui sépare mon 7e Ciel du plancher des vaches, me rendant inatteignable. Cette image engendre une réflexion sur la réalité vécue par les réfugiées. Tandis que des milliers d’entre elles croupissent sous des tentes insalubres dans une promiscuité dangereuse, manquent de nourriture et boivent une eau peu recommandable, je m’impatiente dans ma prison sans barreaux. J’imagine le déchirement qu’occasionne la séparation d’êtres chers laissés au loin, qu’elles ne reverront sans doute jamais. Je les entends pleurer en silence, épuisées par l’apprentissage de la langue et des coutumes de leur lieu d’adoption, trop souvent jugées, voire méprisées par des regards et des paroles les enjoignant de retourner dans leur pays. Nous sommes inégales face au confinement. Certaines réfugiées au Québec envieraient ma cage dorée, l’espace vital qui s’ouvre devant mes yeux et l’air sain pénétrant dans mes poumons. J’aimerais leur témoigner ma tendresse et mon affection. Je souhaite à toutes les réfugiées de trouver, ici au Québec, un milieu de vie où s’épanouir en sécurité et en toute liberté.

Mardi, 12 mai

Tiens donc, le parc s’amuse. Ah! Les bulles!

Elles réveillent un souvenir impérissable vécu à Zakopane en septembre 2016.

Dans l’évanescence des bulles s’envole l’âme de Renée Claude, porte-étendard remarquable des plus beaux textes de nos chansonniers. Sa voix chaude a ensemencé des notes impérissables d’affranchissement au tournant de mon adolescence. Je te laisse ce lien vieillot pour t’imprégner de son souffle de Vie.

Repose en paix Renée Claude!

© Véronique Morel 2020, texte, photos et vidéos

© Valérie pour la photo de l’immeuble