Nous sommes au printemps 2016. L’écriture de mes nouvelles avance. Les personnages s’affirment, prennent leur place.
En 2008, j’ai répondu à l’appel de Catherine de Saint-Augustin : lui donner un corps, des émotions, des doutes; la faire rire, chanter, pleurer, frissonner. Toutefois, je n’arrive pas à mettre en mots les épisodes mystiques qui l’enflamment. Pour m’imprégner de son être, je dois puiser à la source, là où elle a vécu de 1648 à 1668, au Monastère des Augustines à Québec.
Notre mission première est d’assurer la pérennité du patrimoine matériel et immatériel des Augustines et de le rendre accessible aux générations futures. Elle nous engage également à offrir soutien et répit aux personnes qui prennent soin des autres.
Texte tiré du site web du Monastère
Sœur Lise Tanguay, supérieure générale de la Fédération des monastères des Augustines, explique la mission en entrevue avec Bruno Savard de Radio-Canada.
Hôtellerie aux larges corridors, aux escaliers et portes d’époque, aux voûtes qui conservaient les aliments et dans lesquelles se produisent maintenant des artistes, le lieu laissant entrer la lumière à profusion héberge également le musée des Augustines.
Je profite d’une visite guidée pour m’étonner devant le coffre aux trois serrures, admirer les innombrables pots en faïence servant à conserver les macérations et concoctions préparées par l’apothicairesse. La vêture des religieuses m’impressionne. Plusieurs autres renseignements glanés au musée serviront à corroborer les faits vécus par mes personnages.
Je me love dans une cellule semblable à celles occupées par les hospitalières durant 400 ans. Je m’imprègne des visions qu’a eues Marie-Catherine de Saint-Augustin, et j’écris. Beaucoup. Les mots se bousculent, véritables stigmates sur le cœur de mon personnage principal. J’emploie mon temps qu’a duré mon séjour au Monastère à donner un visage à l’Imposteur. Il terrifie. Il mortifie. Il harcèle la jeune religieuse.
« Te voilà religieuse cloîtrée de l’autre côté de la mer, dans un pays sauvage. Loin des tiens et de l’euphorie qu’offrent les bals masqués, les soirées fastueuses, les fréquentations nobiliaires. Que fais-tu là, Catherine? As-tu oublié ces moments de bonheur que t’a apportés l’aristocratie de Bayeux? Catherine, ressaisis-toi! Quitte ce lieu de misère, de solitude, d’austérité, de deuils. Profite de ta jeunesse et de ton élégance! Reprends tes rires, danse, chante, séduis. Conviens-en : le plaisir ressenti auprès de ce gaillard ne t’a surtout pas déplu. Tu en as joui. Allez, Catherine, deviens femme. Rejette cet habit ridicule de moniale, qui t’encercle le visage et renie ta poitrine. » (extrait du Deuxième vitrail : Flux et reflux de la vague, pp. 27-28)
Entre mes séances d’écriture, j’arpente les rues du Vieux-Québec, du monastère des Augustines au couvent des Ursulines, ou jusqu’à l’Hôtel de ville qui était, à l’époque, le séminaire. Je m’appuie sur les remparts pour deviner Beauport derrière les installations portuaires. Je tente d’apercevoir la seigneurie du sieur Robert Giffard comme le faisait sa fille Louise et son époux Charles de Lauson. Il me faut un troisième œil pour déceler le décor qui s’offrait à eux en 1655, des oreilles internes pour faire abstraction du tohu bohu de la ville et me concentrer sur celui de la chute. Le printemps se traîne les pieds, tarde à réchauffer le décor. Je regagne ma cellule inondée de regards bienveillants.
Le 28 avril 2016 j’assiste, à ma grande surprise, à un événement grandiose : l’inauguration officielle du Centre Catherine de Saint-Augustin. Une joie indicible m’étreint – Marie-Catherine de Saint-Augustin m’ouvre les bras et son cœur. Comme la mère envers son enfant, je vibre d’amour pour cette femme lumineuse.
Mon passage au Monastère me ressource. Je rapporte dans mes bagages des sensations, l’élan pour peaufiner mon écriture, l’attachement profond à Marie-Catherine de Saint-Augustin, hospitalière en Nouvelle-France.
à suivre…
Les photos proviennent du site du Monastère des Augustines, de Musées Québec, de divers sites touristiques, de Justin+Lauren
Pour vous procurer mon livre
BouquinBec (en ligne) (en ligne)
La flèche rouge, librairie de quartier
L’Euguélionne, librairie féministe
Maïa Alonso a dit:
Quelle expérience ! une véritable immersion et je suis sûre que le résultat va être passionnant !
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Nouvellière et dentellière de mots a dit:
Tout à fait, Maïa Alonso. L’expérience de mon séjour au Monastère m’a procuré la quiétude nécessaire à la création. Les personnes qui ont lu mon recueil de nouvelles sont touchées par la bonté des personnages et vibrent à leurs difficultés et leur courage.
Courtepointe de vitraux – Catherine de Saint-Augustin, hospitalière en Nouvelle-France fait son petit bonhomme de chemin avec confiance.
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Tristesse a dit:
Merci de m’avoir fait connaître l’environnement de Catherine de Saint-Augustin. Je m’y étais attachée en lisant ton livre, je le suis encore plus maintenant.
Bonne année 2018 ma belle poète. J’espère que tu nous fera un cadeau d’un autre livre.
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Nouvellière et dentellière de mots a dit:
Bonne année Tristesse!
J’ai vécu des journées inoubliables avec Catherine de Saint-Augustin et les autres personnages de mes nouvelles dans ce lieu de calme, d’inspiration, de renouveau.
Un autre livre? Ma soeur, ma soeur, ne vois-tu rien venir?
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monique michaud a dit:
Les mots me manquent pour exprimer toute l’authenticité de ta démarche d’écriture. Tu as erré dans le brouillard, tu t’es arrêtée, posée sur un fil pour t’interroger; puis, tu es partie rencontré les lieux où ton personnage a vécu. Et là, le brouillard s’est dissipé peu à peu, ton cœur s’est agrandie, les émotions se sont glissées en toi. Les mots sont sortis. Beaucoup. Merci de partager ton expérience, ma belle Véronique. Je reconnais là une véritable attitude d’auteure. Je t’aime ma belle amie.
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recitspolonais a dit:
Je ne pouvais imaginer l’ampleur de l’inspiration qu’allait me procurer mon séjour dans ces murs, témoins d’une vie besogneuse et priante.
Ça me touche de te lire, Monique Michaud. Je sais à quoi fait référence le brouillard.
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